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VISIONS D'UN MOTIF


Braque, la peinture et l'oiseau

  

Oiseaux, la poésie ailée                                                          

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© 2014 Saint-John Perse, le poète aux masques (Sjperse.org / La nouvelle anabase). Site conçu, écrit et réalisé par Loïc Céry.

  

Saint-John Perse                     


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Dans l'œuvre tardive, se manifestent trois cycles marqués par les natures mortes. On a souvent pensé qu'elles ont été élaborées à partir d'objets se trouvant dans la maison même du peintre. Ce n'est pas le cas; Braque les a tous inventés, presque tous les motifs sortent de son imagination.

Ces trois cycles sont construit autour de trois grands thèmes : les tables de billard ; les Ateliers ; l'oiseau.

Pour les tables de billard, on peut remarquer une certaine récurrence des formes éclatées du cubisme. Dans les Ateliers, Braque atteint une finesse remarquable dans l'agencement des couleurs et des formes. Pureté et simplicité des traits dominent cette période, ce qui n'empêche pas, ici ou là, le retour à l'éclatement des formes et des lignes. Cette recherche de l'épure s'affirmera encore plus nettement dans les oeuvres représentant le thème de l'oiseau.

Pour collaborer, peintres et poètes se veulent libres. La dépendance abaisse, empêche de comprendre, d'aimer. Il n'y a pas de modèle pour qui cherche ce qu'il n'a jamais vu. A la fin, rien n'est aussi beau qu'une ressemblance involontaire ». Braque voit une certaine poésie dans la peinture :

« Qu'est-ce que j'entends par ”poésie”? C'est pour un tableau ce qu'est la vie pour un homme. Mais ne me demandez pas de la définir; c'est ce pour quoi tout artiste doit se battre et il doit le découvrir pour lui-même à travers son intuition. Pour moi, c'est une question d'harmonie, de rapports, de rythme et - ce qui est le plus important pour mon oeuvre - de "métamorphose" » (cité et retraduit dans John Golding, Braque The Late Works, p. 23).

Paul Eluard distingue quant à lui le côté pictural de la poésie - c'est ce qui ressort des poèmes qu'il a consacrés aux peintres surréalistes. Ainsi, dans Capitale de la douleur, publié en 1924, prennent place des poèmes intitulés Pablo Picasso, Max Ernst, Arp, Joan Miró, Yves Tanguy et - pour terminer - Georges Braque. Dans ce texte, Eluard évoque déjà le traitement du motif de l'oiseau par Georges Braque.


Francis Ponge, qui a également collaboré avec Braque, a lui aussi été inspiré par l'oiseau. On peut trouver dans La Rage de l'expression (1952) un texte qui s'intitule « Notes prises pour un oiseau ». Si l'on compare cette oeuvre aux Oiseaux de Saint-John Perse, on remarquera que les deux textes sont très différents dans leur ton, en dépit de certaines ressemblances stylistiques. Leur forme est celle du poème en prose et leur langage est parfois technique (Ponge cite même le Littré...). Il parle aussi du rapport entre le poète et le peintre et de leur face-à-face avec la matière du réel et l'oiseau (« conjuration du peintre et de l'oiseau... », dirait Saint-John Perse (Oiseaux, IV) :


« Le poète (est un moraliste qui) dissocie les qualités de l'objet puis les recompose, comme le peintre dissocie les couleurs, la lumière et les recompose dans sa toile » (La Rage de l'expression, "Notes prises pour un oiseau").

Le peintre et les poètes


Braque n'a cessé de collaborer avec des poètes de grande envergure : il a illustré des œuvres de Pierre Reverdy, de Francis Ponge, de Jean Paulhan, de René Char et d'Apollinaire et la plupart d'entre eux ont également écrit à son sujet. De façon générale, le XXe siècle est marqué par les oeuvres communes de peintres et poètes. Paul Eluard, dans sa poétique, Donner à voir (notamment dans la partie intitulée « Physique de la poésie »), considère la relation de cette manière (évoquant à la fois l'histoire de l'art et de la poésie mais aussi la complémentarité particulière entre les deux domaines) :

« En 1910, un peintre, Picasso, découvrit dans l'œuvre d'un poète un nouveau mode d'inspiration. Depuis, les peintres n'ont cessé de s'éloigner de la description, de l'imitation des sujets qui leur étaient proposés : des images n'accompagnent un poème que pour en élargir le sens, en dénouer la forme.


Picasso : Saint-Matorel, le Siège de Jèrusalem (Max Jacob). - Cravates de chanvre (Pierre Reverdy).

Max Ernst : Répétitions - Weisst du Schwartz du (Arp) - Mister Fork miss Knife (René Crevel) - Le Château étoilé (André Breton) - La Maison de la peur, la Débutante (Leonora Carrington).

Arp : Vingt-cinq poèmes, Cinéma calendrier du coeur abstrait maisons, De nos oiseaux (Tristan Tzara).

Yves Tanguy : Dormir dormir dans les pierres (Benjamin Péret).

Georges Braque : Le Piège de Méduse (Erik Satie).

Marcoussis : Alcools (Guillaume Apollinaire). - Indicateur des chemins de cœur (Tristan Tzara).

S.W. Hayter : L'Apocalypse, Ombres portées (Georges Hugnet).

Fernand Léger : Lunes en papier (André Malraux).

Joan Miró : Il était une petite pie (Lise Hirtz) - Enfances (Georges Hugnet).

Salvador Dali : Les Chants de Maldoror (Lautréamont).

Man Ray : Facile.

Hans Bellmer : Œillades ciselées en branche (Georges Hugnet).



  

Etudes pour le plafond du Louvre (1952)

  

Le leitmotiv de l'oiseau


Braque s'est intéressé au motif de l'oiseau depuis les années trente. En 1952, il peint un plafond au Louvre, dévolu à l'oiseau. En 1955, sa visite à la Réserve zoologique et botanique de Camargue l'émeut profondément, et il s'intéresse particulièrement aux différentes espèces d'oiseaux. Dès lors, l'oiseau sera intégré à part entière dans son univers artistique. D'abord, il l'incorpore comme un élément graphique dans la série des "Ateliers". Puis il consacre des oeuvres spécifiques au "gent plumé" (comme l'appelle Olivier Messiaen).


A la différence de ceux de Messiaen et de Saint-John Perse, les oiseaux de Braque n'ont pas de modèles véritables dans la nature. Le peintre s'est certainement inspiré de la nature et de l'oiseau réel, mais, dans l'univers artistique, l'oiseau devient la créature archétypale de son imagination. A ce propos il faut rappeler l'analyse de Jean Paulhan :


"La peinture n'a jamais pu tout à fait se priver d'imitation. C'est un de ses moyens naturels. C'est aussi l'un de ses dangers. Elle n'arrête pas d'être menacée par l'imitation (comme le roman par le réalisme). Et l'on peut craindre à tout instant que l'imitation ne la dévore. Mais Braque et Picasso avaient passé le danger. Ils pouvaient se démettre de toute personnalité, jusque-là que les objets mêmes, au lieu de leur image, prissent place dans leur toile" (Braque le patron).


Et l'oiseau y a justement pris place. Même si les oiseaux de Braque ne sont pas peints de manière réaliste, ils évoquent autant de réel, autant de compréhension de cet "être de plume et de conquête" (Saint-John Perse, Oiseaux, VII). Les oiseaux de Braque ont atteint une simplicité et une pureté sans commune mesure: c'est "L'oiseau succinct de Braque", comme dit Saint-John Perse. Pour Braque, c'est la pureté et la simplicité qui font l'essentiel de l'oiseau.

  

Du cubisme aux œuvres tardives :

le motif d'un aboutissement


On pourrait distinguer trois périodes importantes dans la production artistique de Georges Braque : la période fauve (pré-cubiste), la période cubiste et la période des œuvres de la maturité, qui s'étend de 1941 à 1963. D'une période à l'autre, le style de Braque évolue sensiblement, alors que s'affirme une veine de plus en plus intimiste.


L'évolution la plus notable du cubisme aux oeuvres tardives, concerne essentiellement l'usage des couleurs. Les œuvres cubistes sont caractérisées par des couleurs grises brunes et jaunâtres (effet de la toile), avec des intermittences de bleu et de vert foncé. Les espaces colorés sont fragmentés et les couleurs diffuses et impures. Chaque facette de la toile est polychrome. Les œuvres tardives exposent en revanche des couleurs très vives et pures. Chaque surface est en général remplie par une même couleur, ce qui confère aux tableaux une certaine sérénité - c'est en cela qu'ils s'opposent à la période cubiste. Le point commun des deux époques est l'utilisation de la nature morte comme mode d'expression favori. Les thèmes, cependant, ont été transformés.