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Ci-dessus : instantanés issus du document

J'y introduis en tout cas un aveu : ces images peuvent provoquer un malaise, que j'éprouve fortement. Là où l'image fixe, la photographie, révèlent et illustrent cette volonté de maîtrise, l'image filmée montrent cette volonté en sa quintessence mais aussi en son point extrème. Soyons-y attentifs : après la séquence soigneusement composée du bref examen des télégrammes reçus du monde entier après la proclamation du Prix et tendus au Maître par Dorothée "Diane" Leger, à plusieurs reprises, le poète, accueillant les journalistes dans son bureau, pose de manière outrancière, presque comique, regardant la mer, les mains croisées, comme on le connaît sur bien des clichés de Lucien Clergue ou de Gisèle Freund. Un peu comme s'il avait pensé la fixité, mais non pas cette mobilité qui le suprend en pleine mise en scène. La limite est là : la volonté de représentation est non seulement patente, mais elle accuse même une distorsion.


Comment alors, appréhender cet état de fait, qui ne provient pas d'une subjectivité seule, mais qui peut provoquer une certaine gêne ? Il faut croire que c'est peut-être cette gêne elle-même qui constitue une bonne partie de cette appréhension. Pour ma part, j'y vois plus qu'un épiphénomène propre à une subjectivité : il y a là, presque, l'occasion d'une nouvelle réflexion sur le renouvellement possible et nécessaire à propos de la construction par Perse de sa propre image. Car au fond, quelle attitude adopter face à cette outrance de l'auto-représentation ? Le simple sourire, ou de quoi saisir une piste ? Le sourire peut être soit bienveillant, soit goguenard, et c'est plus qu'une affaire de tempérament : il s'agit d'un point de vue, au sens premier du terme, celui d'où l'on voit. Ce que j'entends comme "piste" face à ce moment saisi revient en cela, dit grossièrement (d'autres espaces seront nécessaires pour développer la chose) : là où s'affirme la limite que j'ai dite, le relai doit être pris. Plus uniquement le décryptage de la stratégie auctoriale. Plus seulement montrer les rouages. Mais construire le relai vers l'œuvre seule, une fois la connaissance engrangée quant à son élaboration. Le personnage du Poète, si apparent ici dans sa fabrication même, dans son hiératisme forcené, habite cette intention dont il faut prendre le relai, plus loin. À suivre.

par Gisèle Freund (à gauche : photo de Gisèle Freund  - le poète, posant avec l'autorité tranquille du maître d'œuvre de son "édition de la Pléiade", du nom même du dossier qu'il tient sous le coude), l'intégralité de cette séquence filmée en est à la fois un complément, mais aussi une limite en quelque façon. Tout se passe, dans le corpus photographique relatif à la biographie de Perse, en tout cas de sa période publique au sens large du terme (on pourrait observer le phénomène à partir des photographies de la période de jeunesse), comme si cette volonté d'auto-contrôle était omniprésente. Pour tout observateur attentif - et surtout, informé de cette tension constante vers la maîtrise de l'image, de la représentation du Poète, qu'a mis en lumière toute une part de la critique -, ce versant iconographique, cette illustration photographique de l'icône justement, ne fait pas de doute. On pourrait, là-dessus, établir toute une étude, et la chose a d'ailleurs été faite en partie (voir l'étude de Renée Ventresque à propos des illustrations du volume Honneur à Saint-John Perse qui fut largement contrôlé par le poète lui-même). Le phénomène de cette constante volonté de contrôle culmine évidemment à partir de 1960, année du Nobel mais aussi, année où débute le long processus de préparation des Œuvres complètes. Au prix d'une rigidité, d'une raideur tout à fait visibles, Saint-John Perse apparaît sur les clichés de cette époque (surtout sur les superbes photos de Lucien Clergue prises aux Vigneaux) dans l'attitide hiératique du "Poeta laureatus", du Poète de gloire dont l'image même aura eu pour effet d'éloigner tout un lectorat, mais qui est en tout cas conforme au personnage construit qui est lui-même "œuvre œuvrée" qui habite la Pléiade de 1972. Tout cela concorde, en effet, avec toutes les mises en perspectives établies depuis lors. Certes. Mais là où la séquence filmée dont il est question ici complètent l'iconographie, relevant ô combien de la même geste, une limite donc semble être atteinte, et apparaîtra aussi à tout regard scrupuleux.

Lien : archive présentée sur le site de British Pathé

À l'inverse de ces apparitions assez imprévisibles du diplomate dues à l'usage aléatoire des images d'actualités de l'entre-deux-guerres, les rarissimes vues filmées du poète Saint-John Perse, saisi dans le contexte de sa représentation littéraire, furent savamment contrôlées par l'écrivain lui-même. À l'image de l'imposante collection photographique conservée à la Fondation Saint-John Perse, ces rares images filmées témoignent de la volonté quasi-caricaturale d'une maîtrise intégrale de l'image, celle d'un poète qui se donne à voir en majesté. On ne peut qu'être frappé par cette volonté, à la faveur des archives filmées de la cérémonie de remise du Prix Nobel de Littérature en décembre 1960.


Pour le portrait télévisé qu'il avait réalisé pour France 3 en 1995 (dans la série "Un siècle d'écrivains"), le réalisateur Jean-Denis Bonan avait exploité une archive filmée jusqu'alors inédite, déposée à la Fondation Saint-John Perse dans le "Fonds Auchincloss" et montrant des images rares de Saint-John Perse dans sa propriété des Vigneaux, avec Dorothée Leger (on pourra revoir ces images vers la fin du montage réalisé pour la page "Grand âge" de la Biographie présentée sur le site). Cette archive, complétée de l'ensemble de ses prises de vues, a été mise en ligne sur le site britannique des archives Gaumont Pathé (British Pathé). On peut y voir l'intégralité de la séquence filmée au début du mois de novembre 1960, quelques jours après la proclamation du Prix Nobel de Littérature (au mois d'octobre). Le poète y est donc saisi aux Vigneaux, et l'intégralité de ce document apporte quelques séquences qui, en dépit même de leur brièveté, sont extrèmement intéressantes. Pleinement conforme à cette volonté de représentation que révèlent les photos prises en cette période par Lucien Clergue ou


  

Fugacités immanentes du poète

Les apparitions subliminales d'Alexis Leger                                                     

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Pierre Laval, Alexis Leger, Benito Mussolini, Conférence de Stresa 1935

Pierre Laval et Alexis Leger, 1935

De manière particulièrement furtive (c'est bien la loi du type d'apparitions dont il est question ici), on y verra Alexis Leger en train de discuter avec Laval, alors qu'il est question à ce moment précis du documentaire, de l'invasion de l'Éthiopie par l'Italie fasciste et ce, en illustration à cette présentation on ne peut plus accablante : "Cette agression brutale tonne dans l'apathie décadente des vieux empires européens. La Société des Nations, ancêtre de l'ONU, condamne l'Italie et demande à la France et à l'Angleterre d'appliquer à son encontre des sanctions économiques, alors qu'eux-mêmes possèdent d'immenses empires coloniaux. En France, les partis de gauche comme de droite se refusent à sanctionner le Duce". Faut-il comprendre que Leger discutant avec Laval, représente donc, dans la logique de cette présentation, cette "apathie décadente des vieux empires européens" et en tout cas ce refus des sanctions envers l'Italie de Mussolini ? Pour être habitué à ces visions-là, faites de joyeuses confusions et au gré desquelles Leger est le plus souvent la tête à claque de service, on peut le comprendre ainsi. Rien de nouveau, dans ce cas : l'ordinaire ritournelle qui se répète à l'infini et en vertu de laquelle les clichés se survivent à eux-mêmes. Mais l'occasion, simplement, d'une nouvelle apparition fugitive, subliminale mais signifiante, surtout pour tous ceux qui ont déjà leur idée arrêtée mais peu informée, sur l'action du diplomate.


Deuxième exemple, extrait cette fois-ci de l'excellent document de Gabriel Le Bomin, Collaborations, diffusé sur France 2 en février 2014 et consacré à l'histoire détaillée de la Collaboration. Toujours à propos de Laval, et histoire de retracer son action de Ministre des Affaires étrangères et de Président du Conseil sous cette Troisième République finissante, quelques images éparses parmi lesquelles on distingue, encore très furtivement, Alexis Leger, dans la même attitude inquiète que connaissent ceux qui ont déjà vu quelques bribes des images de la Conférence de Munich de 1938 (un exemple, sur la page Diplomatie de la Biographie du site). C'est encore de 1935 qu'il s'agit : ces images-là, prises non pas à Rome (comme le sous-entend le commentaire), mais lors de la Conférence de Stresa d'avril 1935, nous montrent Leger, conseiller diplomatique de Laval au sein de la délégation française lors de la conférence et Secrétaire général du Quai d'Orsay depuis 1933. Entre Laval et Mussolini, son inquiétude n'est pas feinte, et elle est en effet la même que lors des accords de Munich trois ans plus tard. Il n'est pas inutile de rappeler, surtout pour tordre le cou à l'apparente connivence que l'ont pourrait penser, que c'est précisément en cette année 1935 que se font jour les premières oppositions entre Leger et Laval, à propos de l'attitude à adopter face à l'Allemagne, alors même que les accords passés avec Mussolini sont censés l'isoler (Leger proposera sa démission en 1936 après la rupture du pacte de Locarno, suite à l'occupation militaire de la rive gauche du Rhin). Le rôle vrai d'Alexis Leger, en porte-à-faux tout au long de cette période, est plus intéressant que tous les raccourcis historiques ou les études tendancieuses qui ont la vie dure. Sa situation dans ce contexte plus que tourmenté aura réellement été cernée, finalement, par Sartre dans Le sursis : aucune meilleure lecture pour saisir le sens de cette action et de ce malaise qui culminera à Munich.

Un phénomène souvent amusant : la persistance des apparitions subliminales du diplomate, au gré de documentaires historiques faisant usage des archives filmées issues des actualités de la période des années trente, époque du long règne d'Alexis Leger au poste de Secrétaire général du Quai d'Orsay. Parfois, le spectateur attentif décèle çà et là l'apparition furtive de la silhouette du diplomate, filmé aux côtés des personnalités politiques de cette époque qui prépare la tragédie de 1940. Il faut avoir l'œil, c'est le moment de déjouer la fugacité au prix de frénétiques arrêts sur images en s'asurrant que oui, c'est lui, c'est bien lui, c'est Leger, déjà anachronique, le disciple d'Aristide Briand qui ne peut plus réellement "endiguer" comme on disait alors, plus endiguer quoi que ce soit, ni les mécanismes, ni les comptes à rebours, ni les compromissions dont il est le témoin.


Deux exemples récents, parmi tant d'autres, où Leger apparaît, pour les deux cas, aux côtés de Pierre Laval, au moment où ce dernier est alors son ministre de tutelle. Dans le montage qui vous est proposé ci-contre, deux extraits de documentaires diffusés à la télévision récemment : tout d'abord, dans le cadre du centenaire d'Aimé Césaire en 2013, France Televisions avait diffusé entre autres un "docu-fiction", selon l'appellation en vigueur, à propos du parcours de Césaire, sous le titre Césaire, le prix de la liberté (Félix Olivier, 2013).


  

Persistances furtives du diplomate

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