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Dans le cas de Saint-John Perse, suivre la main créatrice de l'écrivain doit en somme consister bien sûr à faire place au magistral manuscrit et à ses variantes si précieuses qui nous enseignent tant, mais aussi, cela va sans dire, à ce continent des matériaux préparatoires, qui longtemps fut en l'occurrence un continent enfoui, une sorte d' "Atlantide" de la critique dont on sait aujourd'hui toute l'importance en ce qui concerne ce poète, qui voulut laisser l'image de l'artiste démiurge répondant à une inspiration proche de l'éclair, quand au contraire, entrer dans les coulisses de la création en ce qui le concerne, permet de découvrir l'artisan minutieux au travail. 

(Site de la BnF). CLIQUEZ ICI

Cette règle s'applique à l'ensemble du site, À L'EXCEPTION DES DOCUMENTS COMPORTANT LE COPYRIGHT © Fondation Saint-John Perse APPARAISSANT AU SEIN DE LA PRÉSENTE RUBRIQUE CONSACRÉE AUX MANUSCRITS.

Le manuscrit persien et la fabrique du poème

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© 2014 Saint-John Perse, le poète aux masques (Sjperse.org / La nouvelle anabase). Site conçu, écrit et réalisé par Loïc Céry.

  

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VIDÉO : L'écriture rééduquée

de Saint-John Perse

Selon Joëlle Gardes-Tamine, cette "rééducation" de l'écriture provient surtout d'un désir de ritualisation de l'entrée en poésie, par l'adoption d'une nouvelle identité.

VIDÉO, en guise d'introduction :

Les manuscrits d'écrivains

C'est donc à partir de cet ensemble à la fois strictement délimité et ouvert sur la pluralité des autres avant-textes que l'on peut s'avancer dans l'étude des manuscrits de Perse, en y recherchant quelques-unes des clés "internes" attendues. Et cet aspect d'ouverture est d'importance, car il est dès lors possible de considérer les acquis potentiels de la démarche généticienne appliquée à cette oeuvre, comme une proposition, voire une émulation dynamique pour pousser plus avant encore les investigations relatives à ce processus de l'écriture, investigations qui sont loin d'être épuisées du reste ; en ce sens, les avant-textes dans leur globalité restent encore à arpenter, à l'exemple de la rigueur qui est ici en jeu, en matière d'études génétiques - et dont on donnera à voir dans les très grandes lignes quelques accomplissements dans la seconde partie de ce dossier.

Catalogues des manuscrits, établis par la Fondation Saint-John Perse.

[Site de la Fondation]

Des manuscrits qui présentent donc la superbe d'une écriture solennelle, à l'image même de cette poésie qui place la maîtrise au frontistice de tout geste créateur. Ce ne sont pas, on le devine, les quelques biffures et remplacements qui çà et là ornent ces splendides manuscrits des versions de pré-publication, tels d'ultimes attributs et gages de noblesse, qui offriront au critique le plus de renseignements utiles sur le cheminement de la création. Il faut bien sûr privilégier en ce sens dans le corpus des manuscrits de Saint-John Perse, ceux qui se rapportent réellement aux états antérieurs aux versions finales, pour y rencontrer les signes tangibles d'une temporalité de la création à, partir de laquelle il est possible de déceler les principes régissant l'écriture des poèmes Pour identifier avec précision les différents éléments de ce corpus manuscrit de Saint-John Perse, il est utile de se référer à la rencension qu'en a effectuée la Fondation Saint-John Perse, que l'on pourra consulter sur le lien indiqué ci-dessous.

A l'appui de cette démonstration, le poète dispose, aux pages 1205 à 1212 du volume, "dans son évolution, quelques reproductions de l'écriture de Saint-John Perse", en guise de visualisation de cette métamorphose. On peut légitimement souscrire à l'analyse de Joëlle Gardes-Tamine (voir video), selon laquelle cette transformation est davantage due à une volonté de solennisation, de ritualisation quasiment, de l'adoption d'une nouvelle identité différente de celle de l'homme ordinaire, pour l'exercice de la poésie. Du reste, le seul terme de "rééducation" l'indique assez bien : il s'agit de modifier de fond en comble la personnalité scripturale et en somme de "rééduquer" bel et bien une identité pour la muer en une nouvelle enveloppe. Voir le diaporama ci-contre, à propos de cette évolution de l'écriture : après les manuscrits d'Eloges avec l'écriture de jeunesse, l'irruption de l'écriture rééduquée sur les manuscrits d'auteur.

"On sait, par sa correspondance de jeunesse (voir notamment lettre à Jacques Rivière du 2 juin 1911), quels déboires avait valu à Saint-Leger Leger son écriture peu lisible lors de la première publication de ses poèmes d'Eloges, dans La Nouvelle Revue Française. André Gide s'exprime ainsi à ce sujet dans sa contribution au numéro d'Hommage des Cahiers de la Pléiade (été-automne 1950) reproduite dans le livre Honneur à Saint-John Perse (Gallimard, 1965).

« J'ai sous les yeux le manuscrit très précieux de ces premiers poèmes. L'écriture même en est aussi déconcertante que le texte. En ce temps on n'attachait pas encore tant de valeur aux autographes : souvent on les abandonnait à l'imprimeur sans plus s'inquiéter de leur sort : remplacés aussitôt par des placards et des épreuves, sur lesquels toute l'attention de l'auteur se portait. Mais ces pages de Saint-Leger Leger me parurent, indépendamment de leur apport et déjà par elles-mêmes, si belles que je ne pus consentir à m'en séparer. Je n'enverrais à l'imprimeur qu'un double. Mon premier soin fut d'en faire prendre aussitôt copie par un secrétaire d'infortune ; déplorable imprudence, car ledit secrétaire restait complètement insensible au charme de Saint-Leger Leger ; je ne m'en rendis compte que par la suite ; trop tard hélas ! D'effroyables "coquilles" déshonoraient le texte d'Eloges tel qu'il parut d'abord dans la N.R.F. Je me sentis moi-même responsable de ces erreurs ; j'aurais dû veiller de plus près. Je ne pus calmer ma confusion qu'en proposant à Leger de prendre à ma charge les frais d'un tirage à part de ce texte. J'ai conservé toutes les lettres de Saint-Leger ; nombreuses sont celles ayant trait à cette réparation amicale. Comme presque aucune d'elles n'est datée (en ce temps il nous paraissait inutile et presque peu décent de dater nos lettres) je m'y perds un peu. Un point de repère m'invite toutefois à les grouper aux alentours d'avril 1911.»

Soucieux désormais de s'assurer une écriture parfaitement claire et lisible pour les différentes épreuves écrites d'examens ou de concours qu'il avait en vue, et plus particulièrement pour le concours d'entrée dans la carrière diplomatique et conculaire, Leger avait cru devoir s'imposer, dès 1911, une véritable rééducation de son écriture courante, aussi pénible que cela lui parût."

Mais qui s'en étonnera ? - Comme il en est pour les autres aspects qui nous permettent d'en juger, le regard porté sur ces documents nous confronte une nouvelle fois à l'essentiel idéal de maîtrise de Saint-John Perse : au-delà de leur beauté même, les manuscrits de pré-publication présentent une écriture magnifique, aux lettres soigneusement ouvragées, comme il en serait de quelque parchemin royal et solennel. Or cette écriture même a une histoire, d'ailleurs dûment consignée dans le volume des Œuvres complètes de la Pléiade. Selon la version qu'en donne la notice de la lettre à Jacques Rivière du 14 juin 1911 (dans laquelle il précise à son correspondant : "Je m'entraîne en ce moment, à changer mon écriture, afin qu'il n'y ait absolument rien de moi qui puisse, même au premier abord, me faire croire singulier"), le jeune poète avait décidé de rééduquer entièrement son écriture à la suite de la mésaventure des coquilles qui parsemaient la première éditions d'Eloges dans la NRF (O.C., p. 1204-1205). Voici donc comment Saint-John Perse présente, en cette notice, la nécessité de cette complète et spectaculaire rééducation de l'écriture qui devait dès lors changer bien entendu l'allure de ses manuscrits d'auteur :

Et c'est ce que précise encore Colette Camelin ("Etude génétique d'un poème de Saint-John Perse (Vents, II, 1) : de l'usage des listes de mots dans l'élaboration du poème", La génétique, CRDP de Reims, mai 2002) : "Une difficulté de la critique génétique de l'oeuvre de Saint-John Perse est le caractère lacunaire des dossiers à la disposition des chercheurs. On sait par Saint-John Perse lui-même et par plusieurs témoignages que le poète travaillait sur des carnets noirs d'un format allongé qu'il portait toujours sur lui. Il y consignait des notes de lecture, des observations et des impressions diverses relevées pendant ses voyages, des ébauches de versets. c'est là que se situe la véritable "fabrique" des poèmes, or il a détruit ces carnets avant sa mort, n'en laissant subsister qu'un des derniers, sans doute parce qu'il ne s'en était pas servi pour l'élaboration d'une oeuvre. Il n'a pas systématiquement conservé les premières ébauches de ses poèmes ; par exemple, il n'existe pas de brouillons d'Amers, on dispose surtout de manuscrits calligraphiés destinés à la dactylographie qui ne comprennent que quelques rares variantes mineures." Bien sûr, quelques pépites existent néanmoins, et pour Anabase par exemple, quelques états premiers nous sont parvenus, laissant entrevoir un savant bouillonnement qu'Albert Henry a d'ailleurs passé au crible de ses analyses. Mais quoi qu'il en soit, les manuscrits semblent indiquer bien souvent comme une sourde "aimantation" vers tout un soubassement, que l'on devine provenir de la masse documentaire représentée par les notes de lecture diverses, les annotations bien sûr mais aussi les précisions manuscrites figurant sur les épreuves des traductions anglaises de ses poèmes : c'est d'ailleurs, dans une optique d'ensemble, ces différents documents, à l'appui du corpus des manuscrits proprement dits, qu'Esa Hartmann a pris en compte dans sa thèse.


                                                                              

L'édification de la pensée de l'auteur, dans le devenir dynamique que l'on décèle à travers les repentirs, les biffures, les ajouts, les amplifications et autres ellipses, est certainement l'objectif  secret d'une recherche qui s'est depuis son apparition (moyennant parfois certaines surenchères théoriques), attachée à interroger les limites propres du texe. Les noms de Pierre-Marc de Biasi, de Michel Contat et bien sûr d'Almuth Grésillon sont inséparables de ce moment important de l'évolution de la critique.


L'attention aux manuscrits a réellement émergé au sein de la critique persienne à partir des éditions critiques d'Amitié du Prince et d'Anabase établies par le philologue belge Albert Henry en 1979 et 1983 (voir bibliographie). C'est à partir de ces travaux essentiels, puis des évolutions intervenues avec la mise en lumière de tous les matériaux préparatoires conservés à la Fondation Saint-John Perse (qu'il s'agisse de la bibliothèque personnelle abondamment annotée - à la lumière notamment des travaux de Renée Ventresque - ou des divers dossiers préparatoires), que l'on a peu à peu rejoint, finalement, le bien-fondé même de toute étude généticienne au sens plein : celui d'une prise en compte de l'ensemble des "avant-textes", et non des seuls manuscrits au sens étroit du terme. Car il faut le préciser : mis à part le cas de Oiseaux, les dossiers manuscrits de Saint-John Perse sont très lacunaires, n'offrant que de rares états d'ébauche, et comme le reconnaît Esa Hartmann (Les manuscrits de Saint-John Perse. Pour un poétique vivante, L'Harmattan, 2007, p. 22) : "Tous les autres dossiers sont uniquement composés des deux  derniers états manuscrits, incarnant les versions finales, presque achevées du poème, et présentant un nombre de variantes relativement restreint."

> Le corpus : Saint-John Perse et la main créatrice


A l'image de ce qu'ils offrent pour l'ensemble des écrivains, les manuscrits de Saint-John Perse sont en soi des trésors, pour qui s'intéresserait au processus créateur du poète. Nous sommes là face à des pièces d'archives qui sont censées constituer dans une certaine mesure le coeur de notre appréhension de la démarche créatrice d'un poète réputé pour avoir toujours voulu tout contrôler de la diffusion de son oeuvre. Depuis les années 70, on sait, grâce à l'émergence des études dites "génétiques" (entendons, celles qui se penchent sur la genèse des textes), le prix attaché au décryptage patient des manuscrits, livrant les principes d'élaboration des textes, et les options diverses des écrivains par rapport à la temporalité des œuvres.