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COMMÉMORATION

organisée par Sjperse.org

Bibliothèque nationale de France

Grand auditorium, Samedi 4 décembre 2010

*

Cinquantenaire du Prix Nobel de Littérature

de SAINT-JOHN PERSE

  


> IL Y A 50 ANS : Histoire d'une consécration

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© 2014 Saint-John Perse, le poète aux masques (Sjperse.org / La nouvelle anabase). Site conçu, écrit et réalisé par Loïc Céry.

  

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Considéré comme personnage littéraire, il présente à bien des égards une biographie remarquable. Né en 1887 à la Guadeloupe, il appartient à une famille française qui vint s’y fixer dès le XVIIe siècle. Il passa son enfance dans cet éden tropical des Antilles tout bruissant de palmes, mais, à l’âge de onze ans, il partit pour la France avec sa famille. Il y poursuivit ses études à Pau et à Bordeaux, décida de faire du droit, puis, en 1914, entra dans la carrière diplomatique. Envoyé d’abord à Pékin, il se vit charger ensuite de missions de plus en plus importantes. Secrétaire général du Ministère des Affaires étrangères pendant plusieurs années, avec rang de Conseiller d’Etat, il assumait donc des responsabilités de premier plan au moment où se jouait la partie politique qui fit le prélude de la seconde guerre mondiale.


Après la défaite de la France, en 1940, il fut, sans ménagements, placé en disponibilité, et il s’exila. Considéré par le régime de Vichy comme un dangereux adversaire, et même déchu de la nationalité française, il trouva refuge à Washington, où il occupa une situation de conseiller littéraire à la Bibliothèque du Congrès. L’Etat français allait bientôt le réintégrer dans la plénitude de ses droits, mais l’exilé refusa fermement de rentrer dans la diplomatie. E revanche, il s’est de nouveau rendu plusieurs fois en France, à titre privé, au cours de ces dernières années.


C’est là une carrière qui ouvre de vastes perspectives et qui suppose chez celui qui l’accomplit une hauteur de vues acquise sous de multiples climats, ainsi du reste qu’un tonus spirituel et un dynamisme peu communs. Cette mobilité universelle à laquelle les grands voyageurs se reconnaissent, constitue l’un des thèmes souvent repris dans l’œuvre du poète. Son premier succès, il le dut au cycle de poèmes intitulé Pour fêter une enfance, dont l’imagerie miroitante suscite, dans la blonde lumière matinale des souvenirs d’enfance, le paradis exotique de la Guadeloupe, ses plantes et ses bêtes fabuleuses. De chine, il rapporta un poème épique, Anabase qui relate sous une forme suggestive et dure comme l’émail, une expédition guerrière, lointaine et mystérieuse, dans les désertes de l’Asie. Cette même forme, d’une extrême densité, où le vers et la prose se rejoignent, emportés dans un même mouvement qui allie la strophe biblique au rythme de l’alexandrin, se retrouve dans les écueils de poèmes qui suivirent : Exil et Vents, l’un et l’autre créés en Amérique, et dont l’ensemble constitue un immense exposé du cycle ininterrompu de la désagrégation et de la régénérescence, tandis qu’Amers célèbre la mer, éternelle dispensatrice de force, berceau initial des civilisations.


Ces œuvres sont, il est vrai, d’une singularité marquée, complexes de forme et de pensée, mais le maître qui les a créées n’est rien moins qu’exclusif, si l’on entend par là qu’il veuille s’emmurer dans une autonomie satisfaite et ne s’intéresser qu’à son moi. Bien au contraire, la note qui domine chez lui, c’est la volonté d’exprimer l’humain, saisi dans toute sa multiplicité, toute sa continuité, et l’homme éternellement créateur qui, de siècle en siècle, lutte contre l’insoumission éternelle des éléments. Il s’identifie à toutes les races qui ont vécu sur notre orageuse planète. « Notre race est antique, dit-il dans un poème, notre face est sans nom. Et le temps en sait long sur les hommes que nous fûmes. » Et d’ailleurs : « Et l’Océan des choses nous assiège. La mort est au hublot, mais notre route n’est point là. »

Par cette exaltation du pouvoir créateur de l’homme, Saint-John Perse peut rappeler parfois le poète allemand Hölderlin dans ses hymnes, lui aussi thaumaturge du verbe et pénétré de la grandeur dans la vocation poétique ; Cette foi sublime dans le pouvoir de la poésie, il est aisé de la traiter de la traiter de paradoxe et n’en faire aucun cas, surtout lorsqu’elle semble s’affirmer avec une force inversement proportionnelle au besoin de susciter une réponse immédiate, à la soif de communion humaine. D’un autre côté, Saint-John Perse offre un exemple éloquent de l’isolement et de l’écart qui sont à notre époque une condition vitale de la création poétique lorsqu’elle vise très haut.

On ne peut qu’admirer, toutefois, la probité de son attitude poétique, l’insistance altière avec laquelle il persévère dans le mode d’expression qui seul permet de réaliser ses intentions : une forme exclusive mais toujours pertinente. L’inépuisable luxuriance, le style imagé de ses rhapsodies, a ses exigences intellectuelles, qui, évidemment, peuvent fatiguer le lecteur auquel le poète demande un tel effort de concentration. Il emprunte ses métaphores à toutes les disciplines, à toutes les époques, à toutes les mythologies, à tous les climats ; ses cycles de poèmes rappellent ces grandes coquillages marins où semble déferler une musique cosmique ; Cette imagination au déploiement magistral est sa force. L’exil, le départ, sont les évocations dont la sourde rumeur donne à cette poésie sa tonalité générale. Et le thème de la puissance et de l’impuissance des hommes laisse même transpercer un appel héroïque, exprimé peut-être plus nettement qu’ailleurs dans la dernière œuvre du poète, cette Chronique traversée d’un souffle de grandeur où le poète, s’interrogeant au déclin de l’âge, fait des allusions voilées à l’état présent du monde. Et même, il jette un appel prophétique à l’Europe pour l’amener à considérer cet instant fatidique, ce tournant du cours de l’histoire. Le poème se termine sur ces mots : « Grand âge, nous voici. Prenez mesure du cœur d’homme ».


Il est donc permis de dire que Saint-John Perse, derrière, un hermétisme apparent et des symboles d’accès souvent difficile, apporte un message universel à ses contemporains. On a toutes les raisons d’ajouter qu’il perpétue à sa manière une grandiose tradition de l’art poétique français, de la haute tradition rhétorique héritée des classiques. La distinction dont il vient d’être l’objet ne fait en somme que confirmer la position qu’il s’est acquise dans les lettres, où il est considéré comme l’un des grands chefs de file de la poésie.

Le poète suédois Anders Osterling, secrétaire perpétuel

de l'Académie suédoise

Anders Österling

Secrétaire perpétuel de l'Académie suédoise


Discours d’attribution du Prix Nobel

de Littérature à Saint-John Perse

  

Sire,

Excellences,

Mesdames,

Messieurs,


Le lauréat du Prix Nobel de Littérature de cette année porte un nom aux sonorités quelque peu insolites, choisi tout d’abord pour soustraire aux curiosités l’homme privé qui se l’est donné. Saint-John Perse, nom de poète qui devait rendre universellement célèbre cet homme qui, dans la vie privée, s’appelle Alexis Léger, et qui allait acquérir un prestige égal dans un autre domaine de la vie publique. Son existence comporte ainsi deux périodes, dont l’une est achevée, et l’autre se poursuit ; autrement dit : Alexis Léger, le diplomate, s’est métamorphosé en Saint-John Perse, le poète.